Oizel / Marion Rampal

Musique audio

Rampal , Marion

Edité par L'autre distribution - 2024

Après quatre albums et de nombreuses collaborations, on se gardera d'affirmer que Marion Rampal prend son envol. Intitulé "Oizel", son nouveau recueil suggère pourtant une prise d'altitude. Comme un déploiement d'ailes qui, pareil à celui d'un oiseau marin, lui fait s'élever dans l'azur pour mieux plonger en elle-même, dans ces eaux profondes de l'identité, de la mémoire fondatrice où git le trésor de ses souvenirs d'enfance. Si la figure de l'oiseau est devenue essentielle, c'est qu'elle couvait déjà sous sa plume. Son précédent recueil, "Tissé", s'achevait par un blues féministe, "Still a bird", où s'esquissait une affinité que "Oizel" prolonge et achève en convoquant la mobilité spatiale du migrateur, la nécessité vitale du nid, le chant réparateur. Si Marion a longtemps concilié le format chanson avec la liberté du jazz, elle s'est soumise cette fois au strict respect d'une construction plus classique couplet-refrain collant mieux aux histoires qu'elle souhaitait raconter, aux émotions qu'elle voulait partager, aux portraits qu'elle entendait dresser. Celui de "Tangobor" évoque l'abandon, la détresse, la résignation peut être quand, à l'inverse, "Grande ourse" fait palpiter en nous sur un rythme bluegrass tendance klezmer l'envie de fuite éperdue. Inspiré en partie d'un texte de Florence Aubenas sur une femme ayant rompu avec le monde pour mener une vie de sauvageonne, le morceau révèle cette part d'elle-même qu'elle mit longtemps à assumer totalement... "J'ai toujours été fascinée par ces figures ancestrales un peu monstrueuses. Ce qui rejoignait en quelque sorte mon envie d'explorer la marginalité et ce basculement vers l'obscur, vers une folie qui soit aussi une libération. L'histoire de cette femme dans les Cévennes qui vit cachée dans les bois, pénètre dans les maisons inoccupées, vole de la nourriture, des habits, a changé mon fantasme en réalité. Elle m'a permis de finir la chanson." C'est bien dans les sous-bois et les maisons abandonnées de la langue française que Marion se faufile ici pour batifoler comme une enfant livrée à elle-même, s'inventant des expressions - "Coulemonde", "Gare-où-va", "Tampi mon âme" - presque un dialecte dans lequel elle sinue entre bon usage et chemin buissonnier poétique. La Marseillaise de souche qu'elle est, bien que dépourvue d'accent, a conservé une façon de tourner les phrases qui relève du parler local, celui des grand-mères si présentes en esprit.

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